C’est le 25 mars 1877 que les membres fondateurs, réunis sous la présidence de M. DIANCOURT, maire de Reims, décidèrent d’adopter les statuts et d’élire le conseil d’administration qui consacraient la naissance de la Société d’Horticulture, de Viticulture et de Sylviculture de l’arrondissement de Reims. A la vérité, l’association fonctionnait, depuis trois ans déjà, comme section de la Société d’Horticulture de Soissons, mais, devant son rapide essor, le moment était venu pour elle de voler de ses propres ailes, en suivant les traces de la société mère et en conservant à son égard les sentiments de la plus vive reconnaissance.
La jeune société, dont les débuts devaient être foudroyants, comme nous allons le voir, avait effectivement la force de diriger son destin.

Elle se donnait pour premier Président le Docteur DOYEN.

On relève dans ses statuts, les objectifs suivants :
– Propager, dans la région, les pratiques rationnelles de l’horticulture,
– Organiser et entretenir un jardin-école où les professionnels et les amateurs peuvent trouver des renseignements précis sur les espèces et variétés horticoles, leur culture, les progrès accomplis dans la pratique et la science horticole,
– Diffuser et vulgariser les connaissances par la publication d’un bulle-tin et par un enseignement théorique et pratique,
– Organiser des expositions et des concours,
– Accorder des récompenses à ses sociétaires qui ont contribué à l’amélioration des procédés de culture.

Dès le mois de juillet 1877, la Société organise un concours pour le recrutement d’un professeur à l’instar de la Société d’horticulture de Soissons dont le professeur, M. LAMBIN, rayonnait dans toute la région. Trois candidats de valeur subissent, devant un jury composé de personnalités éminentes, des épreuves orales, pratiques (toutes deux publiques) et écrites, d’une durée totale de plus de dix heures dont sort vainqueur M. CARRIER, ancien instituteur, qui devient ainsi le premier professeur de la S.H.R. aux appointements de 3.000 Francs. La compétence pédagogique ne manquait certainement pas au nouveau professeur qui entrait immédiatement en fonctions pour la plus grande satisfaction des sociétaires.

Le jardin école est mis aussitôt en état :
– Recharge de terre végétale sur 50 cm d’épaisseur en moyenne,
– Défoncement sur 1 m de profondeur,
– Construction d’un mur de 182 m de longueur et de 3 m de hauteur, le long de la voie de chemin de fer, pour y recevoir espaliers et treilles, et d’une salle de conférences de 30 m de longueur au milieu de ce mur, enfin de la maison du jardinier.
– Etablissement d’une grille de 316 m de longueur et de 2 m de hauteur pour clore le jardin du côté du boulevard et du canal.

Les plantations entreprises dès le 22 novembre sont achevées à la fin de l’hiver. On ne peut qu’être confondu d’étonnement et d’admiration devant de tels résultats. Ceux-ci s’expliquent cependant par l’aide accordée par la Ville de Reims à la jeune association et par les propres moyens de celle-ci : plus de 1 000 membres dont 103 instituteurs, pour la plupart ruraux, lui procurent des ressources considérables, près de 10 000 F pour les seules cotisations.

La Société possède trois sections : à Ay-Champagne, Verzy et Hermonville , elle comptera jusque 1 200 adhérents. Il est aisé d’imaginer la vie de la Société d’Horticulture de Reims sous la direction successive de M. le Dr Octave DOYEN, de M. Edouard WALBAUM et de M. Edouard MIGNOT jusqu’à la première guerre mondiale. La tourmente qui éprouve si cruellement la Cité des Sacres n’épargne pas le jardin-école, entièrement retourné par les bombardements. C’est sur le seuil de sa maison que le successeur de M. CARRIER, M. Victor BOIDIN, ingénieur horticole, qui n’avait pas voulu abandonner son poste, est tué, en 1917, par un obus allemand.

C’est à M. E.MIGNOT que devait revenir le soin de ressusciter notre société. Il s’y attache avec courage et énergie, reconstituant le jardin-école où il crée une roseraie avec la collaboration de J.C.N. FORESTIER, paysagiste réputé, reconstruit la maison du jardinier-chef, construit un pavillon de réunion en remplacement de la salle de conférences. Les difficultés économiques obligent à substituer au professeur un jardinier-chef, M. MOINE, excellent praticien dont nos plus anciens sociétaires se souviennent.

En raison des événements, le nombre des adhérents a beaucoup diminué. Le premier bulletin d’après-guerre paraît en mai 1924, et le jardin-école rouvre ses portes le 15 juin, jour d’inauguration de la nouvelle roseraie. On ne retrouve plus alors que 305 sociétaires, leur nombre atteint 500 en 1930 et près de 1.000 en 1938, grâce à l’inlassable activité du jardinier-chef. Les cotisations n’ayant pas été augmentées en proportion du coût de la vie – en 1924, elles s’échelonnent entre 50 F et plus pour les membres bienfaiteurs, 20 F pour les membres amateurs, les plus nombreux, et 10 F pour les membres pratiquants –, les ressources de la Société permettent de plus en plus difficilement la rémunération d’un technicien, l’entretien du jardin et l’édition du bulletin. Ce dernier disparaît en 1939.

En 1928, M. E. MIGNOT cède la présidence de la Société à M. Georges HODIN qui l’assume jusqu’en 1951. C’est à lui qu’incombe de diriger notre association au cours des années difficiles 1930-1939, pendant la seconde guerre mondiale, puis aussitôt après celle-ci quand ses ressources s’étant encore amenuisées, il apparaît nettement que l’entretien du jardin-école n’est plus possible sans une aide extérieure.
La Société d’Horticulture n’a plus les moyens de poursuivre intégralement les objectifs que lui fixaient ses statuts. Le bulletin disparu, il convient de trouver une solution qui évite de présenter au public un jardin, jadis orgueil de la société, dans un état de délabrement indigne d’elle. Des pourparlers s’engagent alors avec la Ville de Reims qui a décidé de créer un jardin zoologique et qui a choisi l’emplacement de notre jardin. Un accord intervient pour le transfert du jardin-école sur un terrain de surface plus réduite, chaussée Bocquaine, d’un dessin élégant, très fleuri et comprenant une petite salle de réunion. Il n’y demeure que jusqu’en 1967, époque à laquelle il nous faut à nouveau laisser la place, cette fois à la Maison de la Culture André-Malraux, et émigrer rue St-Jean-Cesarée, près de la Butte St-Nicaise.


Au décès de M. Georges HODIN survenu en 1951, M. Pierre SCHNEITER accède à la présidence de la S.H.R., poste qu’il occupe jusqu’en 1966, ses nombreuses occupations l’obligent alors à démissionner. M. Albert MACHET, cheville ouvrière de la S.H.R. où il a rempli les fonctions de vice-président et de secrétaire général pendant plus dé 30 ans, lui succède. Il est lui-même remplacé par M. Marcel LEMAIRE en 1970 lorsque la fatigue de tant d’années de dévouement à notre association l’amène à cesser ses fonctions.

L’ancien jardin école est restauré en 1981 et devient le Jardin d’Horticulture Pierre SCHNEITER en l’honneur de notre ancien président le 21 juin 1982. Nous abandonnons alors les locaux de la rue Saint Jean Césarée le 1er juillet 1981, mais le bail ne sera définitivement résilié que le 1er octobre 1983. De nouveaux statuts sont adoptés le 4 novembre 1984 et la dénomination sociale “La Société d’Horticulture et de Viticulture de Reims” devient “Société d’Horticulture de l’Arrondissement de Reims”. Le 22 mars 1985, c’est le retour aux sources, la Ville de Reims mettant à notre disposition le pavillon du Trianon. Le président Marcel LEMAIRE décède le 15 novembre 1985 et M. Pierre CUISANCE est choisi pour assumer les fonctions jusqu’à la fin du mandat. M. Pierre FLANDRE est élu en Novembre 1986 et assurera la présidence jusqu’à son décès le 23 mars 1993.

C’est sous les mandats de ces deux présidents que la S.H.R. organise des manifestations importantes. Tout d’abord, le Salon international du dahlia, qui est une véritable réussite, va la redynamiser. D’autres opérations grand public remettront notre association en premier plan : citons le salon de l’orchidée, puis les expositions florales, conduites en collaboration étroite avec la Ville de Reims et les professionnels, “Si Reims en fleurs m’était conté” et “Au fil de l’eau” qui feront connaître la valeur et la qualité de l’enseignement donné par nos moniteurs et monitrices d’art floral.

En mars 1993, M. Jean Paul SIMEON est investi pour assurer l’intérim de la présidence jusqu’en novembre 1993. A cette date, le Conseil d’administration lui renouvelle sa confiance et lui confie les rênes de la S.H.R. 1995 voit la réalisation de l’exposition “Les Pieds sur Terre, la Tête dans les Etoiles” qui n’a rien à envier aux précédentes.

La S.H.R. aujourd’hui compte près de 600 adhérents. Dans son calendrier annuel 2000-2001 elle propose à ses sociétaires plus de cent réunions. Elle offre des cours d’art floral oriental sur deux niveaux et d’art floral occidental sur 6 niveaux plus une initiation pour les enfants. Ce sont aussi des causeries et démonstrations en plantes vivaces, plantes potagères et aromatiques, aquatiques, des sections spécialisées en Bonsaï, orchidées, fuchsias, cactées, des bourses d’échange très fréquentées, des conférences, des séances de projections, des voyages de découverte de parcs, jardins, centre d’études et de recherches, des cours de greffage, de taille des arbres et arbustes fruitiers et ornementaux, de parasitologie, etc.

Nous œuvrons également pour l’amélioration du cadre de vie en dispensant des conseils en fleurissement et en nous efforçant de tenir nos adhérents informés sur les moyens de lutte contre les maladies et les prédateurs des végétaux, mais surtout en leur permettant de protéger l’environnement et d’éviter l’usage des produits dangereux et de ceux retirés du marché.

Nous sommes présents dans les jurys de décoration florale de :
– La Ville de Reims.
– De sept communes.
– Des Pays de France.
– Du Département de la Marne.
– De la Région Champagne Ardenne.
Et nous récompensons nos sociétaires qui participent à notre concours interne.

Conscient du précieux héritage que nous ont légué tous nos prédécesseurs, bureau, conseil d’administration et adhérents, nous nous efforçons d’être fidèles à l’idéal qui a animé les fondateurs de la S.H.R. et de poursuivre la tâche qu’ils ont entreprise et accomplie avec tant d’ardeur et d’application pendant cent quarante ans. En novembre 2013, après 20 ans de présidence, M. Jean Paul SIMEON décide de passer la main.

C’est Éric LAVOISY qui se voit confiée la présidence. Le conseil d’administration est aussi en partie renouvelé. L’association est forte d’environ 350 adhérents. Une nouvelle étape de la vie de l’association commence. Restant fidèle aux principes généraux qui ont jusqu’ici toujours rencontré leur public le calendrier de nos animations s’enrichit peu à peu de nouvelles propositions. Nous restons aussi un partenaire fidèle des collectivités qui apprécient nos compétences notamment dans l’organisation des concours de fleurissement. Le défi des années à venir n’est pas mince, il nous faut attirer de nouveaux adhérents et préparer le renouvellement d’une génération de responsables de section dans un contexte où le bénévolat se raréfie. Il nous faut aussi nous adapter à un monde très mouvant où l’on rencontre de plus en plus d’adeptes du tout, tout de suite, ce qui ne correspond pas toujours au « temps » et à l’esprit du jardin.

Le monde des jardins est aussi en profonde mutation, les initiatives citoyennes se multiplient et peu à peu investissent tous les espaces, le jardin devient « partagé » et solidaire, alimentaire et lieu de rencontre, les cultures hors-sols conquièrent peu à peu trottoirs, façades et balcons. Le jardinier se transforme aussi progressivement en éco-jardinier, plus respectueux des cycles de la nature. Il est aussi de plus en plus connecté. Nouveau paradigme, nouveaux besoins auxquels nous devons sans aucun doute nous adapter tout en continuant à dispenser les bonnes pratiques et le goût de l’observation.